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Wilfried - Du neuf avec du vieux

Dernière mise à jour : 22 janv.

EP - 13/10/2023 Dans l'œil du barbu




Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant, Wilfried Roux est le fils d’Alain Roux, plus connu sous le nom de François Corbier. S’il demeure célèbre pour avoir co-animé le Club Dorothée, une célèbre émission jeunesse dans les années 80 et 90, ce n’est qu’une infime partie de sa vie d’artiste, de chansonnier et de poète. Il y a quelques années, j’ai eu la chance de découvrir ses albums, d’assister à un concert et d’échanger avec lui à plusieurs reprises. Ce fut l’un de mes souvenirs live les plus marquants. A n’en pas douter, François Corbier était, en plus d’être un très bon musicien, un homme d’esprit, une très belle plume, un poète sensible, touchant et drôle. Quelque temps après son départ, je découvrais le fils dont il m’avait parlé. Alors que j’imaginais un féru d’informatique, éloigné de toute activité artistique, je me trompais totalement. Ce regard, ce sourire, ils m’étaient familiers. Plus encore, j’étais séduit par la douce et jolie voix de Wilfried qui n’avait rien à envier à son père. S’il chante depuis toujours, “c’est sous l’impulsion de Matthias Vincenot”, que Wilfried a eu la bonne idée de redonner vie à “des textes oubliés ou inédits” afin de prolonger l’héritage d’un homme qu’on aurait aimé écouter encore longtemps. Car oui, Corbier aurait mérité de se faire une place au moins aussi visible dans les années 2000 que celle qu’il avait à l’époque où, le sourire au coin et l'œil pétillant, il fredonnait le classique « Sans ma barbe ». Dès la première piste « Dis Papa, qu’est-ce que c’est qu’un arbre ? » c’est un dialogue fictif touchant entre un père et son fils qui nous est offert. Une chanson dystopique dessinant un futur -pas si fictif que ça- dans lequel les arbres n’existeraient plus. L’efficacité du piano épuré confère à cette ouverture un mélange de sentiments puissants, entre nostalgie, mélancolie et résignation. On enchaîne avec un titre, en apparence plus léger, “La dame sous la pluie”, seul titre de l’EP à avoir déjà été publié en 1968 en tant que FACE B. En sous-texte, la chanson semble dire que peut-être, parfois ou toujours, un sourire, une main tendue ou une présence suffisent à trouver la force de traverser les orages. « Monsieur Prévert » est un bel hommage à l’un des plus grands poètes français. On y voyage, sous les notes délicates du piano de Paul-Marie Barbier et les arrangements de cordes élégantes d’Isabelle Sajot et Lysiane Métry pour terminer sur le discours dichotomique d’un poète qui n’a plus besoin de prouver qui il est ou d'être validé par ses pairs pour continuer d’avancer.

« Quand je l’appelle » évoque le fantasme de cet autre qu’on ne saisira jamais mais qui

nourrit notre imaginaire en permettant de s’échapper, de rêver, de fantasmer. Encore une fois, les arrangements délicats et les percussions de Denis Benarrosh nous séduisent totalement.

Enfin, on se quitte sur “La vieille en Noir”, titre sur lequel on imagine le plus facilement la voix de son parolier. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si Wilfried semble, peut-être inconsciemment, si proche de son père dans sa manière de chanter. On a le sentiment qu’il l’accompagne, souriant, pétillant et heureux d’être auprès de Wilfried, digne héritier d’une mélodie poétique que l'on veut continuer à découvrir.


En résumé, Wilfried Roux propose un EP intemporel où les arrangements délicats, flirtant parfois avec la Bossa nova ou le Cool Jazz offrent une exploration judicieuse des textes de son père. Comme un voyage à travers ses différentes facettes, pensées, blessures, peurs ou passions, il plane une sensation d’intimité. Imposant avec douceur son propre style tout en respectant le sens mélodique propre à son aïeul, la voix de Wilfried nous touche, nous surprend et nous conquis. Vivement la suite.


Fred Jurie



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